En sortant de la gare, je te vis.
Ton corps, immobile, tes yeux, fouillant la foule.
Qui attendais-tu ?
Je n’avais pas rendez-vous avec vous.
Alors j’attendis !… Le temps passa et nul ne vint à ta rencontre.
La désillusion se lisait dans tes yeux.
Je m’approchais, tu me vis.
Mon regard figé au fond de tes yeux, je m’arrêtais.
Cinq mètres nous séparaient encore.
Tes yeux, scrutateurs, devinrent interrogateurs.
Je n’avais pas rendez-vous avec vous.
Je fis un pas, puis deux, puis trois et m’arrêtais à nouveau.
La désillusion quitta ton visage.
L’esquisse de l’ombre d’un sourire germa à la commissure de tes lèvres.
M’encourageais-tu ?
Je n’avais pas rendez-vous avec vous.
Je fis un dernier pas et tu fis ton premier pas.
Nous étions face-à-face, à portée de main.
La mienne se détacha de moi et alla vers la tienne.
Ta main pris la mienne et l’amena vers toi.
Un instant, j’ai cru qu’elle s’arrêterait sur ton sein.
Elle l’effleura et alla à l’épaule.
L’autre main fit de même, nos visages se rapprochèrent.
Nous restâmes figés un instant.
Je n’avais pas rendez-vous avec vous.
Mes lèvres s’ouvrirent, non pas pour un baiser, pas encore.
Comment t’appelles-tu ? firent-elles.
Espérance, répondit-elle, et toi quel est ton nom ?
Je n’eus pas le temps de répondre…
Assourdissant, un train passa, me réveilla… et la gare s’évanouit.
Ce n’est pas d’elle que je sortis, mais de mon lit.
Je n’avais pas rendez-vous avec vous…