Souvenirs de l’avenir

Pourquoi a-t-on des souvenirs ?
De quoi sont-ils faits ?
Il y eut un avant, Il y eut un après,
entre les deux il y a le présent qui déjà devient passé au moment où l’avenir se présente.
Tu appartiens à ces années, qui furent les années d’avant, d’avant le vécu du présent, sur lequel j’ai
bâti mon avenir.
Ces années sont lointaines et pourtant elles sont d’ineffaçables traces, restées en souvenir du temps
où l’avenir n’était pas encore fait.
Nous souvenir concerne-t-il que les choses utiles ?
Oui sans doute pour le principal. Mais aussi pour l’accessoire.
Utiles nos souvenirs nécessaire à la vie de tous les jours.
Futiles nos souvenirs dont notre vie n’a pas besoin, et pourtant ils sont là, prêts à se remémorer.
Souvenirs de la première bagarre, du premier baiser, du premier regard, de la première défaite, de la
dernière victoire, des filles de mes nuits dont une seule est sortie.
Et puis la vie s’arrêta de tourner en rond.
Elle prit une ligne droite, mais qui n’était pas une autoroute, plutôt une direction, avec des
croisements, des embûches, des feux, rouges autant que verts, des demi-tours, des arrêts, des
démarrages en côte, des laisser-aller et des reprises en main.
Combien de fois elle faillit bifurquer ?
Combien de fois elle faillit s’arrêter ?
Qu’importe !
Mais il faut une volonté sans faille, tous les jours par tous les temps, pour avoir des souvenirs, sur
lesquels on peut continuer de construire l’avenir.
Et l’avenir devient le présent ? De quel avenir s’agit-il ? Celui qui vient aujourd’hui ou celui qu’on
vivra peut-être dans 10 ans ?
Celui d’aujourd’hui est facile à contrôler, encore que… il est soumis à toutes les tentations.
C’est celui dont il faut s’occuper en priorité pour rester sur la route ou dans la bonne direction.
Ou l’autre ? Celui des dix ans à venir, qui ne peut pas contrôler ce qui arrivera…Il dépend de toutes
nos décisions, les ponctuelles qui n’ont pas d’incidence sur l’avenir, mais qui embellissent nos souvenirs, et les décisionnelles, engageant les heures les jours les mois les années sans possibilité de
retour, et qui appartiennent qu’on le veuille ou non à nos souvenirs.
On peut refuser de prendre des décisions. Laissez venir et laisser faire, l’avenir dans ce cas, se
fabrique sur les ponctuelles et leur enchaînement, sans définition d’une route où d’une direction, la
vie ballotte, ne sait pas où elle va, prend des chemins de traverse, tourne en rond dans un rond-
point, recule sans prendre de recul !
aucun avenir, aucun souvenir !
Il faut essayer de forger ses souvenirs en forgeant l’avenir.
Quitte à se tromper, sans tromper ni les autres ni soi-même, quitte à recommencer, prendre une
nouvelle route ou une nouvelle direction, un nouveau départ, dans une nouvelle guerre, je voulais
dire gare , pour prendre un nouveau train, celui de l’avenir.
Entre les deux, il y a le plaisir, de se perdre, de découvrir, d’essayer, sans s’éloigner même non
attaché, de son port d’attache.
Plaisir de la jeunesse qui vit de nouvelles choses chaque jour.
Plaisir de la vieillesse qui a tout vécu, mais qui en veut encore, qui a encore faim, encore soif, sans
s’éloigner jamais de l’arbre de son jardin d’enfants
Je veux, je décide et je fais.
J’ose, je tente et je joue.
Je trace la route, je réussis ou j’échoue,
Je suis mon propre avenir, j’engrange mes souvenirs.
Je reste tourné vers l’avenir,
En souvenirs mes souvenirs…

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