Il était une fois un hérisson qui avait bien envie de découvrir le monde.
Plus le temps passait et plus il en avait envie ;
Un beau matin, il mis des épines de rechange dans son sac à dos et dit à ses parents: “ je pars … là-bas”.
Et il marcha, marcha, marcha, longtemps, longtemps, longtemps…
De nombreux jours étaient passés et il n’avait plus assez d’épines de rechange pour faire demi-tour, alors il continua. Chemin faisant, il rencontra une petite hérissonne, un peu polissonne, qui avait envie de jouer.
Il resta deux ou trois jours pour jouer avec elle, puis continua son chemin.
Et c’est alors … qu’il arriva au bord de la mer !
Il n’avait jamais vu la mer, ni le sable, ni les vagues.
Il avança une patte, puis une autre,et il trouva cela fort drôle.
Le sable roulait sous ses petites pattes,et plus il avançait, plus il s’enfonçait.
Il voulut faire demi-tour. Impossible de bouger. Il s’ébroua et se secoua.
Et …
Il vit la première s’approcher.
Elle vint lui lécher les babines, et repartit.
La seconde vint lui mouiller les oreilles et s’en alla.
La troisième fut encore plus forte. A chaque fois, elles repartaient.
Mais plus les vagues arrivaient et plus elles mettaient du temps pour repartir. Il commença à s’inquiéter. Les vagues faisaient de plus en plus de bruit, étaient de plus en plus fortes et ce qui devait arriver arriva. Une vague plus forte que les autres l’emmena avec elle. Le petit hérisson ne savait pas nager, mais comme tous les hérissons, il hibernait tous les ans et il avait donc la capacité de retenir son souffle, sans respirer … et c’est ce qu’il fit.
Une dernière vague encore plus forte que la précédente le ramena sur la terre et le déposa délicatement au bord de la gréve.
Le petit hérisson était fatigué, laminé, éreinté.
Il creusa un trou dans la terre et s’endormit pour longtemps, longtemps, longtemps. Tout l’hiver passa et le petit hérisson dormait toujours, juste en bordure de la plage.
Il sentit quelque chose bouger à côté de lui et vit la petite hérissonne polissonne. Elle avait autour d’elle une douzaine de bébé.
En regardant mieux, ce n’était pas des hérissons, mais des petites boules pleines de poils noirs qui ressemblaient à des hérissons, mais qui n’étaient pas des hérissons !
Il demanda à la petite hérissonne polissonne si elle connaissait ces animaux qu’il ne connaissait pas. La petite hérissonne polissonne lui répondit que non, elle ne savait pas. Ils étaient déjà là, autour de lui, quand elle arriva pour hiberner avec lui.
Le petit hérisson demanda si elle avait déjà joué avec les vagues ?
C’est quoi les vagues ? Les oursins se mirent à rire ! Comment peut-on ne pas savoir ce que sont les vagues ?
Vexée, la petite hérissonne polissonne leur demanda s’ils avaient déjà grimpés au sommet d’une montagne ?
C’est quoi une montagne ?
Le petit hérisson arrêta cette conversation qui devenait embarrassante. Il prit la tête du groupe et fonça vers la mer où tout le monde le suivit. Ils jouèrent, et jouèrent, et jouèrent, pendant des heures, et des heures, et des heures…
Quand la nuit tomba, elle vit ce que le jour avait essayé de dissimuler.
Les oursins jouaient entre eux tandis que les hérissons jouaient à deux.
La nuit les disputa ! Il y a des jeux pour le jour, que l’on joue tous ensemble, et d’autres pour la nuit, qui se jouent séparément …
La nuit demanda au petit hérisson et à la petite hérissonne s’ils étaient prêts pour aller à confesse ou si ils étaient de ceux qu’on fesse !
Ni l’un, ni l’autre, dirent-ils en choeur. Nous allons nous marier et nous aurons beaucoup d’enfants qui joueront avec les vagues, avec les oursins, avec le jour, avec la nuit, et qui saurons aussi grimper aux sommets des montagnes
Moralité : Il faut quitter son père et sa mère pour trouver son âme soeur et polissonne, découvrir les autres et la richesse de leurs jeux et s’apercevoir que le monde n’est beau que s’il est éclairé tantôt par le jour, tantôt par la nuit, en ajoutant nos qualités plutôt qu’en retranchant nos différences.