Le requin qui ne savait pas nager

Il était une fois un requin qui ne savait pas nager.
Sa mère était morte en couches et son père pris dans les filets d’une usine flottante, qui pêchait dans l’océan d’un côté du bateau, et sortait des boîtes à consommer sur terre de l’autre côté.

Il était donc orphelin et n’avait ni frère, ni sœur, ni personne pour lui apprendre à nager. Il vivotait, posé sur les fonds marins, ces premiers fonds en somme, en grappillant de-ci de-là, ce qui passait à portée de museau.

Un jour, il décida de tenter sa chance, non pas dans l’eau puisqu’il ne savait pas nager, mais sur terre où il trouverait bien une bonne âme pour lui apprendre à marcher.
Il attrapa donc un filin qui passait à côté de lui et se laissa tracter jusqu’au port.

Il apprit, par quelques poissons qui n’avaient aucune envie de partager leur abondante pitance avec un étranger, qu’il était au Havre.
Ce nom lui fit croire qu’il était arrivé à l’endroit qu’il cherchait, mais non, on lui conseilla de remonter la Seine, d’aller tenter sa chance à Paris.
Il fut accueilli à bras ouverts, comme s’il était attendu depuis des siècles, et devint du jour au lendemain … un requin de la finance !

Là, dans un des plus beaux palais de la République, qui portait le nom de Grognard, ce qui expliquait qu’un palais puisse fusionner avec la république, il n’eut pas à savoir nager, car tout le monde nageait, non pas dans l’eau mais dans l’argent…

Il devint le meilleur requin de la finance de la place de Paris.

Tout le monde faisait appel à lui, à ses conseils, à ses coups de poker savamment orchestré…
Le requin qui ne savait pas nager dirigeait le monde, faisant des rois, défaisant des fortunes, conduisant certains à la banqueroute, montrant à d’autres, la route de la banque.

Un Républicain, un vrai, qui ne faisait pas fortune en dormant grâce à ses achats en bourse, mis ses bourses en action, c’est-à-dire fît preuve de virilité, en affrontant le requin à la télévision.

Après des heures et des heures d’émission télé d’un intérêt considérable au début, mais qui commençaient à lasser le public, soit un peu moins de 6 milliards de téléspectateurs, les autres étant malades, ou aveugles, ou sourds, ou tout simplement avaient, c’est aberrant, raté le rendez-vous, l’arbitre proposa un match en trois temps :

Le premier, intellectuel, fut balayé en trois temps trois mouvements : match nul, ex aequo.
Le deuxième, financier, testa leurs connaissances et leurs compétences : match nul, ex aequo.
Le troisième, sportif, après tirage au sort, désigna le 100 m nage libre.
Tout le monde, et le républicain lui même, crièrent à l’injustice. Nager contre un requin était perdu d’avance et la suite faillit leur donner raison.

Le requin prit un élan considérable et traversa toute la piscine sur son élan, alors que le républicain n’en avait parcouru qu’un tiers.

Au virage des 50 mètres, la queue du requin glissa sur les carreaux et sa poussée fut si faible qu’elle l’amena au milieu de la piscine où il commença à couler.
Revenu à sa hauteur, mais pas à la hauteur de ses revenus, le républicain comprit la situation et le ramena au bord, puis… à bord
Car, en vrai républicain, il lui apprit à nager, loua un dériveur de marque, dont on ne sut jamais le nom, sauf à chaque passage télé, et le libéra face au Libéria, là où sa mère le délivra, et là où lui-même se libéra …
Ainsi finit l’histoire du requin-blicain !
Ils ne se marièrent pas et ils n’eurent aucun enfant.

MORALITE:
Vous les Enfants de la Terre, ne reniez jamais ni votre lieu, ni votre milieu de naissance, et si vous choisissez d’aller plus haut et plus loin que vos parents, soyez le joueur d’élite qui fait monter les autres, et non le tireur d’élite qui les descend.

 

 

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