L’hôte de ces lieux est déjà au bout de son râteau,
L’herbe devant son grand âge, se laisse faire, roulée dans un sens, palpée dans l’autre, massée et ramassée, fourchée en bottes, à coup de fourches, à coup de bottes.
Le bruit saccadé d’un sécateur métronome taille la futaie, rabat les ébats du printemps.
Un voisin replace des tuiles sur son toit, il est pressé, le soleil ne lui pardonnera pas qu’il déborde la limite des heures matinales.
L’hôtesse de ce lieu a le plaisir de dire qu’elle aime et apprécie ces dimanches à la campagne, au milieu de sa descendance.
Du fond de l’air, monte le rire des enfants. Sur une chaise allongée, ma plume vagabonde.
Le bruit saccadé d’un sécateur rythme le concert offert par le peuple de l’air qui, pour ne pas s’assommer contre la chaleur montante, ouvre ses ailes à l’astre brûlant et les referme sur l’ombre apaisante.
Le soleil ne pardonne plus, il tape de partout, sans répit ni distinction, sur ce qui bouge, sur ceux qui n’ont rien demandé, sur ma plume déliquescente.
Un coup, deux coups, dix coups, la cloche sursaute du clocher et martèle le tambour de nos tympans. Elle donne le temps qui passe, oubliant son devoir initial d’appeler à l’office dominical.
Le bruit saccadé du sécateur ne saccade plus, remplacé par le silence de l’eau qui s’écoule du bout des mains de celle qui pistole les rosiers.
Le soleil veut régner en maître, seul et sans témoin. La journée sera brûlante, ma plume se résigne.
La compagnie se réfugie sur l’herbe ombragée par la voûte d’un tilleul absorbant la chaleur et distillant la fraîcheur.
Ombre et soleil, duo magique, l’une ne peut se passer de l’autre. Elle, créée par lui, apparaît quand il se montre, disparaît quand il se cache. Plus sa chaleur se précise, plus elle est précieuse.
Elle ne se déplace pas sans lui, elle sait qu’à la fin du jour, c’est elle qui gagnera, toujours !
Dans un ciel sans nuages, d’un bleu plus bleu que le bleu ciel, une trace blanche, moutonnante et immobile, souligne le son d’un avion à réaction, venant de mon enfance et disparaissant au bout de l’horizon.
L’est où l’avion ? Parti !
Emmenant cette journée dans le grand voyage du temps… Restera la trace du souvenir d’un dimanche à la campagne…
Juin 2018