A LA MANIERE DE JEAN DE LA FONTAINE
L’une volait se mettre au chaud, et partir,
l’autre voulait, se mettre sur le dos et dormir,
La cigogne, aux premières froidures venues, prenait sa peine.
La marmotte, aux premiers flocons ténus, creusait la neige.
L’une traversait le pays, telles les oies, en escadrilles,
L’autre se terrait l’hiver, rangeant ses espadrilles.
Un matin, au-dessus de l’Alsace, coup du sort,
Par un froid à ne pas mettre canard dehors,
Une cigogne, d’inanition, tomba du ciel,
aux pieds de la marmotte, faisant son miel.
L’hôte fut recueillie, soignée, pansée, par l’hôtesse,
qui la remit sur ailes. Elle s’étonna de sa faiblesse,
demanda pourquoi tant de valeureux efforts,
pour avoir, en retour, si peu de réconfort.
La cigogne, remerciant, ne savait que répondre,
parla de lieu fécond, indispensable pour pondre.
Visiter l’univers, voir la Terre vue des cieux,
voilà un vrai cadeau offert à tous les yeux.
La marmotte, malgré sa maitrise de vivre son art,
ne verrait jamais plus que les limites de son are.
Il faut choisir, prendre des risques et découvrir
les merveilles du monde, quitte à en mourir,
ou savoir vivre de peu et se contenter,
heureux, de la part qui nous est donnée…
Avril 2020