Les Baobabs

Il était une fois une cabane, dans un petit bois où, tous les jours sans vent, jouaient les petits enfants. Elle était blottie au fond d’un jardin, sous un vieil arbre tout noueux, promis à être déraciné, à la prochaine alerte météo, ou pire, par un léger coup de vent. Cet arbre ne voulait pas tomber d’un simple courant d’air.

Lui, ce qu’il voulait, pour finir en beauté, c’était au moins une tempête, mieux un ouragan, un cyclone, un typhon, ou bonheur total, un tsunami.

Plus le temps passait, plus il désespérait,

Il en avait marre d’attendre, et la cabane des enfants ne l’amusait plus.

Un jour, où le vent était suffisamment puissant, et les enfants absents, il préleva sur son tronc, une branche assez longue pour lui servir de béquille, et extrayant ses racines l’une après l’autre, il se trouva prêt à partir.

Mais où aller ?

« Si je n’écris pas un mot, les enfants seront inquiets, car ils ne verront plus leur cabane, et si j’écris deux mots, les parents vont lancer des recherches, qui à l’évidence ne pourront pas aboutir, la police ne cherchant pas les arbres disparus ».

Il écrivit trois mots et prit la route, vers le sud, car il avait eu vent par un de ses amis baladeurs, d’arbres magnifiques, bien plus beaux que lui, mais ça il savait bien que c’était dit par des jaloux, pour l’embêter, et que ces arbres étaient moins magnifiques que lui. Ils avaient pour nom « baobab », il n’en savait pas plus.

Il décida ne pas mourir avant d’avoir vu un baobab !

Il marcha longtemps, prit le train, appela blablacar, fit un brin de chemin avec huber, marcha encore, tenta easyjet, mais une de ses branches ne passait pas dans la carlingue, refusa de voyager dans la soute à bagages non chauffée, il ne voulait pas attraper froid à son âge, vit un autre chêne centenaire qui allait à Venise, seul parce qu’il avait perdu sa compagne dans le métro en fonctionnement, se plier en quatre pour entrer sous le siège occupé par un gros monsieur, qu’il n’eut pas le temps de voir tant il était gros, trop long d’en faire le tour, et qui, sournois, essaya de lui subtiliser la cabane en bois qu’il portait en bandoulière.

Il arriva, à la nage, à Tombouctou… Nul baobab à l’horizon !

Il faut aller au Pays Dogon, lui dit-on, là où les femmes sont si belles que le soleil les regarde tout le temps, se levant avant lui et se couchant après son propre coucher, pour les voir, solaires et chaudes, rayonnant si fort que leur chaleur invite les voyageurs, surtout les arbres, à s’asseoir à côté d’elles pour ombrager leurs ébats…

Là, il vit non pas un, mais des milliers de baobabs qui se couchèrent devant lui, leur père à tous.

Il venait de la forêt de Tronçais, là où Louis le quatorzième fut mis en quatorzaine, revenant de la guerre contre Charles Quint, voulant éviter les virus,…

Lui, l’arbre tout noueux qui ombrageait le fond de mon jardin descendait en ligne directe de la forêt de Tronçais, là où Louis le quatorzième fut mis en quatorzaine, revenant de la guerre contre Charles Quint, voulant éviter les virus. Louis occupa si bien son temps qu’il planta des milliers de chênes, utilisés une fois grand, pour construire sa force navale et l’ossature de ses palais.

Il en avait tant qu’il en avait trop…

Il fit don de ces arbres célibataires au roi du Pays Dogon, qui en fit une forêt où les filles allaient danser le soir, et… beaucoup plus, car il eut beaucoup d’affinités… !

Ainsi naquirent les baobabs, fruits de l’amour des chênes français pour les femmes Dogons, et réciproquement…

Le chêne, le plus bel arbre du monde et les femmes Dogon, les plus belles femmes de l’univers, ne pouvaient concevoir que cette pure merveille qu’est un baobab.

Nul ne s’était revu depuis ce temps et, après la fête des retrouvailles, on fit la fête des funérailles.

Les cendres du vieil arbre tout noueux reposent en paix dans la cabane en bois, perchée quelque part dans un troglodyte Dogon…

Il était une fois un âne

Il était une fois un âne qui ne voulait plus avancer, et encore moins travailler, quoique ce soit qui fût à faire. Il était vieux, fainéant et buté. C’était un âne, un vrai. Rien n’y faisait, il ne faisait rien.
La carotte au milieu des yeux le faisait loucher mais il ne bougeait pas.
Sa propriétaire, une vieille dame seule, continuait de le nourrir, par habitude sans doute. Il mangeait peu et ce qui était hors de portée de ses dents, le restait.
La vieille dame râlait souvent et le traitait de jolis noms d’oiseau.
Elle tapait son flanc ou caressait ses flancs, rien n’y faisait, il ne faisait rien.
Un jour, un voisin de la foret qui lui rendait visite chaque dimanche à l’heure de la messe, voulut le secouer un peu et muni d’un balai de genet fraîchement coupé, tenta de le faire bouger …
La ruade des deux pieds qui partit des sabots de l’âne et arriva en bas du dos du voisin, propulsa celui-ci de l’autre coté de l’enclos. Comment franchit-il la barrière ? Nul ne le sut, ni ne s’en préoccupa, car tous était penché sur l’anatomie du voisin, couché sur le dos, face contre terre, un bras, le gauche, entre les jambes, l’autre bras, le droit, sous le dos, les jambes et les pieds, semblaient être au dessus de la tête, mais ce n’était qu’illusion d’optique…
On crut tout d’abord que le bassin fut fracturé, on craint tout aussitôt que l’entre jambe fut atteint, au préjudice de son épouse, on se préoccupa, enfin des conséquences d’un tel choc sur ses capacités cognitives.
Tous ceux qui étaient là en ce dimanche matin, crièrent après le docteur, on courût le chercher et on chercha partout, il était à la messe et ne voulait pas être interrompu pour un coup de pied au cul !
On fut rassuré, tout allait bien, sauf l’amour-propre du voisin qui mit quelques temps à s’en remettre, et l’ordonnance du toubib qui ne plaisantait pas.
Il fallait l’exécuter sous huit jours sauf à ce qu’il aille lui-même voir les gendarmes pour application immédiate, le caractère de l’âne n’appelant aucun sursis.
Le bourricot, ainsi le nommait-il, était devenu danger public et il fallait le mener à l’abattoir où il serait transformé en saucissons, charcuteries diverses et beaux morceaux déjà réservés par les trois édiles du village, le maire, le curé et le médecin, le quatrième, l’instituteur, ne prenant pas parti, ni partie.
La vieille femme de la forêt était effondrée, ne pouvant envisager d’être séparée de force de son compagnon. Elle l’aurait accepté si cette séparation avait eu une cause naturelle comme la maladie ou la mort, mais là, lui demander de l’emmener elle même, s’en était trop, on ne pouvait lui demander une chose pareille!
Les voisins bottaient en touche surtout celui qui était responsable de cet état de fait : quelle idée d’aller secouer un âne avec un balai de genet fraîchement coupés ?
Qui mit le feu à la foret ?
Comment expliquer qu’il se propagea si vite vers l’église ?
puis vers le dispensaire médical, enfin vers la mairie ?
Qui sait pourquoi le feu sauta des pâtés de maison pour aller s’éteindre dans l’abattoir, transformant en fumée les pâtés de la maison ?
Les pompiers étaient pourtant au feu, mais ils étaient à tout moment précédés par une bête rapide, virevoltante de foyers en départs de feu. Elle était montée par une femme en linceul blanc, cheveux au vent, un balai de genets fraîchement coupés sous le bras.
Ils allaient tous deux de la forêt à la ville, éteignant ici, tisonnant là, l‘étouffant ici, l’alimentant là, présents partout, insaisissables toute la nuit..
Au petit matin, quelques traces, quelques cendres, quelques braises, ne permirent pas à la police de conclure sur l’origine du feu… Elle mentionna néanmoins la disparition d’une vieille femme, la fuite d’un âne et c’est tout !
Pas de quoi en faire un fromage, fut-il de tête, ou d’âne…

MORALITE
Quand un âne, perclus de rhumatisme, ne bouge plus, même pour se nourrir, dites bien vous les enfants, à tous ceux qui s’approchent de lui, de ne pas le titiller avec un balai de genets fraîchement coupés, parce que cela pourrait donner naissance à une nouvelle sorcière…

La cigogne et la marmotte

A LA MANIERE DE JEAN DE LA FONTAINE

L’une volait se mettre au chaud, et partir,
l’autre voulait, se mettre sur le dos et dormir,
La cigogne, aux premières froidures venues, prenait sa peine.
La marmotte, aux premiers flocons ténus, creusait la neige.
L’une traversait le pays, telles les oies, en escadrilles,
L’autre se terrait l’hiver, rangeant ses espadrilles.
Un matin, au-dessus de l’Alsace, coup du sort,
Par un froid à ne pas mettre canard dehors,
Une cigogne, d’inanition, tomba du ciel,
aux pieds de la marmotte, faisant son miel.
L’hôte fut recueillie, soignée, pansée, par l’hôtesse,
qui la remit sur ailes. Elle s’étonna de sa faiblesse,
demanda pourquoi tant de valeureux efforts,
pour avoir, en retour, si peu de réconfort.
La cigogne, remerciant, ne savait que répondre,
parla de lieu fécond, indispensable pour pondre.
Visiter l’univers, voir la Terre vue des cieux,
voilà un vrai cadeau offert à tous les yeux.
La marmotte, malgré sa maitrise de vivre son art,
ne verrait jamais plus que les limites de son are.
Il faut choisir, prendre des risques et découvrir
les merveilles du monde, quitte à en mourir,
ou savoir vivre de peu et se contenter,
heureux, de la part qui nous est donnée…
Avril 2020

Les Dinosaures

Il était une fois un dinosaure qui s’appelait Dino de son prénom et Diplodocus de son nom de famille. Il était diplomate de métier et exerçait ses talents au sein d’une ambassade, dans un lieu perdu au revers de la planète.
Ses congénères et lui, vivaient tranquilles, dans de vastes étendues herbeuses, idéales pour des herbivores, grasses à souhait et grâce auxquelles ils pouvaient voir arriver de loin les ennemis carnivores.

Dino Diplodocus avait une petite amie, une copine, du même âge que lui, qui était belle à la ravir, ce que tout le monde projetait de faire, mais heureusement pour elle, nul n’avait ravi sa beauté, sauf peut-être un ravi ou deux, comme il en existe dans quelques recoins de Haute Provence ou sur les plateaux élevés de l’Ardèche…
Son nom de famille était Diplodofesse et son prénom Dinette…

Dino Diplodocus et Dinette Diplodofesse voulaient partir en voyage de noces, mais ils se demandaient comment partir en voyage de noces, quand il n’y a pas eu de noces ?
La question taraudait les anciens en plein conflit avec les modernes, sur ce sujet du moins, car dans l’ensemble, la cohabitation des plus jeunes et des moins jeunes était bonne depuis 437 millions d’années, date à laquelle s’étaient battus deux frères, Abdel Caïn et Caïn Le Bel, chacun ayant la moitié de la population des dinosaures qui combattaient avec eux.

A cette époque, les deux sujet épineux étaient de savoir si le Danube était plus long que le Nil, et si Amazon, livreur de tout sauf de pizzas, courait plus vite que Volga le grec, remplaçant de Zorba, le grec lui aussi, blessé lors du marathon couru en Grèce au début de l’ère en cours.

Il y eut des millions de morts parmi les robots qui avaient participé à cette compétition. Le Grand conseil décidât de supprimer les autres, les survivants, quelques millions sans importance, afin qu’une telle situation ne puisse se renouveler dans l’avenir.

Décision décisive pour la paix dans le monde, puisque elle dura 437 millions d’années, jusqu’à la rencontre de Dina et de Dinette.
Dina dîna chez Dinette et Dinette fit fête chez Dina, grâce au net qui s’était beaucoup répandu en peu de temps, puisque il avait permis leur rencontre sur un site spécialisé.
L’évolution des mœurs et le progrès scientifique avait été rapides chez les dinosaures affichant leurs 68 printemps. On ne comptait pas en années, mais en printemps, ce qui revient au même si on y réfléchit un peu.

Au bout de ce laps de temps, fort court, deux questions se posaient sans avoir de réponse.
Les anciens prônaient le suivi des traditions et le respect des valeurs apprises au fil des millénaires, au cours desquels avait été forgé le socle sur lequel était bâti leur civilisation indestructible.
Les modernes eux respectaient aussi les traditions, mais ils avaient été bouleversés par les découvertes de la médecine et les possibilités nouvelles de la science.
Pouvait-on permettre la vie de couple entre un homme et une femme avant qu’ils aient déclaré leur union ?
Fallait-il investir des pépètes, monnaie qui avait supplanté les bits coins, trop déséquilibrés entre l’excès de bits et la pénurie de coins ?
Fallait-il, disaient-ils, investir dans l’étude du système stellaire et dans la connaissance de la marche de l’univers, avant que le ciel ne leur tombe sur la tête, comme le craignait un petit village breton, ne craignant pourtant rien ni personne ?

Trop tard ! Ils avaient réfléchi trop longtemps !
Le ciel était en route et leur tomba sur la tête !

Dino et Dinette ne prirent pas leurs jambes, petites et concentrées, à leurs cous, très longs et très décentrés, au contraire des membres des familles Diplodofessse et Diplodocus qui croyant faire bien, s’emmêlèrent les pinceaux.
La météorite, absolument gigantesque, frappa la planète de toute la violence de sa masse multipliée par sa vitesse au carré.

Dino dit no à ceux qui voulaient prendre le temps de vérifier que E= mc².
Il fallait se transporter par hologrammes de l’autre coté de la Terre, à l’exact antipode du golfe du Mexique, point de contact où fut libérée LA FORCE, provocant séismes, tsunamis, éruptions et autres fariboles cataclysmiques.

Là, au milieu de l’Indoantipode, tous les morceaux de LA FORCE, éclatés par l’impact, se reconstituèrent, venant des quatre coins de l’horizon, et continuèrent leur course dans l’immensité galactique de l’infinité de l’univers.
Tous les dinosaures et autres espèces vivantes furent anéantis, sauf un petit village indonésien, situé à l’endroit même de la Réunion de l’époque. Une sorte de vortex ascendant, épargna cette île, comme l’œil d’un cyclone est tranquille, alors que les éléments se déchaînent autour de lui.

C’est là, que Dino et Dinette, arrivés juste à temps, vécurent 66 millions d’années, et firent de si nombreux enfants qu’on ne put jamais les compter.
L’île de Komodo est si petite, et les descendants des familles DIPLODOCUS et DIPLODOFESSE, tellement nombreux, qu’ils furent obligés de se rapetisser au fil des millénaires, de dinosaures qu’ils étaient, en varans qu’ils sont devenus aujourd’hui…

MORALITÉ : Nul ne sait ce qui arrivera demain…

4 avril 2020

 

Une étoile amoureuse d’un ange

Il y a quatre milliards d’années, une étoile croisa la route d’un ange. Elle, réelle, et lui, virtuel, cela n’empêchait rien et permettait tout.
L’étoile avait été amoureuse, une première fois, deux ou trois milliards d’années auparavant, à l’époque où toutes les étoiles étaient libres, courant en tout sens, se rencontrant les unes les autres, donnant naissance à des astéroïdes par ci, ou une supernovae par là. Bref, un univers tout le temps tourneboulé, pas stable du tout, où une liaison ne durait jamais longtemps… ou pour l’éternité. Partager une nuit ne voulait rien dire, puisque le noir de la nuit était partout, et se donner rendez-vous pour le lendemain, donc le jour d’après, ne voulait rien dire non plus, puisque le jour durait toute la nuit … et réciproquement !
L’ange, quant à lui, était amoureux pour la première fois. Il avait grandi à l’écart des grands mouvements des grandes constellations, et avait quitté son père, l’ange Gabriel, le jour où celui-ci lui avait demandé de garder les clés du Paradis. Il était bien trop jeune pour cela, une demie éternité, et il voulait découvrir l’infini du monde, ou sa moitié, avant de prendre place auprès du père… éternel.
Son balluchon sur le dos, il tintinnabulait à la recherche d’un coin tranquille, mais tout, partout, n’était que fusion, fission, explosion, expansion, etc.
C’est alors qu’il arriva sur la Voie Lactée. Il en fit le tour et c’est au moment où il allait la quitter qu’une étoile croisa sa route sans respecter le code des chemins stellaires…
Heureusement, l’ange est un être virtuel et la collision ne laissa aucune trace ni sur l’un, ni sur l’autre. Ils trouvèrent ensemble le coin d’une spirale stellaire de la galaxie. Ils se posèrent là, où ils firent des planètes pour elle et des humains pour lui.
L’histoire ne dit pas combien de temps durera leur idylle, mais, tous les poètes le savent bien, elle pourrait durer longtemps, si l’homme ne détruit pas ce qui lui a été donné, et s’il garde au fond de lui, le sourire, la joie de vivre et un zeste d’amour à partager avec les autres.


1° janvier 2019

La statue et le gardien

Immobile, la statue me regardait.
Intrigué, je la contemplais.
Avait-elle froid ? Nue en plein hiver ?
Avait-elle faim, Qui la ravitaillait ?
Avait-elle des crampes, sans bouger d’un poil, qu’elle n’avait pas d’ailleurs ?
Avait-elle soif, attendant l’orage ? au désespoir ? au vieil est-ce ennemi ?
Je décidais de la surveiller et je fis bien !
Quelle découverte, se fût…

Dès que la nuit fût venue, son corps commença de frémir de partout.
D’abord imperceptible, les muscles se déridaient, se défroissaient, se mettaient en mouvement.
En un instant, elle fût sur pied, prît son socle sous le bras, pour être sûr qu’on ne lui volerait pas, et se dirigea vers l’intérieur où chaque soir elle faisait de nouvelles rencontres.
Elle passa par le vestiaire du musée, s’habilla d’un rien trouvé de là ou de ci, une demi-culotte, un soutien-gorge sans bonnets, une jupe qu’elle qualifia de mini, et un gros pull marin…
Elle alla, rêve d’enfance, se mirer dans le miroir du bassin où dormait la nuit l’eau tranquille.
Mais l’eau n’était plus là.
Elle aussi, lassée de tournée en rond dans son bassin toute la journée, avait décidé d’aller faire un tour autour du bassin rond.
Comme tout le monde se mirait sur elle, elle voulut savoir ce que son reflet réfléchissait.
Impossible de trouver un reflet en train de réfléchir !
Elle alla vers l’entrée du musée, vit au passage que la statue n’était pas sur son socle, courut prévenir le gardien de nuit, mais le gardien n’était pas là, il était en train de réfléchir sur le reflet de la lune, dans le bassin vide, se demandant pourquoi il ne trouvait pas le renvoi de ses traits, lui le gardien qui ne savait pas que l’eau était en fuite…
Le bassin, vide, sans eau, observait la rencontre de la statue mal habillée et du gardien cherchant la lune, une nuit sans lune, alors qu’elle était là, pleine, quatorze nuits plus tôt, mais c’était déjà tard !
Elle, la statue, et lui, le gardien, eurent beaucoup d’enfants, tous et toutes érigés dans le musée de leurs parents, dormants le jour et vivants la nuit…

Octobre 2018

Les éléphants d’Hannibal

Un éléphant s’approchait d’un petit port de pêche, appelé Carthage. A l’époque, Carthage n’était pas bien grand et son port bien petit.
L’éléphant était lourdement chargé de porcelaine cassée après son passage dans le magasin de Tunis.
Hannibal n’était pas content. Toute la colonne avait traversé le magasin, et il avait fallu balayer et emporter toute la vaisselle cassée, ce qui avait considérablement retardé les éléphants sur la route du Mont Cenis…
La colonne avait pris tout droit au prétexte que tous les chemins mènent à Rome, donc pourquoi pas celui-là ? Quelle idée ! Enfin bref, ils étaient à Carthage. Les éléphants étaient prêts à prendre la mer comme les girafes à prendre le train !
Faire la queue devant le guichet, donner des sesterces au monsieur derrière la vitre, prendre le billet, monter à bord, le faire poinçonner par l’homme qui faisait des petits trous, mais pour les éléphants c’était des gros trous, trouver un transat libre pour se faire dorer la trompe au soleil de la Méditerranée pendant toute la traversée…
Le port était déjà loin quand la tempête se fit annoncer.
Finis les transats, fallait rentrer fissa ! Mais fissa pour des pachydermes, ça va pas vite et un gros problème se posait : aller où ?
Il n’y avait pas de cabines, puisque le bateau était seulement un transport de trompes, de troupes trompées, qui tournait en rond à la recherche de bouées de sauvetages à leur taille.
Introuvables ! Hannibal n’avait pas prévu de transats, ni de cabines, et encore moins de bouées…
La mer, alternativement remontée, puis démontée, puis montée sur des charbons ardents, monta à l’assaut du bateau. Les vagues, déchainées, balayaient le pont, emportant de plus en plus d’éléphants qui ne savaient pas nager ! Pourtant, ils essayaient de faire comme c’était indiqué sur les consignes de sécurité, imprimées sur le billet, mais avec les gros trous du compostage, ils ne comprenaient pas comment faire.
En fait, ces consignes là n’étaient pas faites pour des éléphants qui prennent l’eau, mais pour des girafes qui prennent le train !
Les pattes avant, s’ouvrant sur les cotés, en même temps, une fois tendues poussaient avec les mains, absentes sur la race choisie par Hannibal, pour propulser chaque corps de 6,55957 mètres à chaque brassée.
Ils n’avançaient pas, beaucoup renonçaient…
Heureusement, les éléphants flottent, aucun ne périt dans l’aventure et c’est vivants qu’ils arrivèrent à Marseille où ils ne purent accoster car une sardine bouchait l’entrée du port…
Mais ceci, est une autre histoire…

Le requin qui ne savait pas nager

Il était une fois un requin qui ne savait pas nager.
Sa mère était morte en couches et son père pris dans les filets d’une usine flottante, qui pêchait dans l’océan d’un côté du bateau, et sortait des boîtes à consommer sur terre de l’autre côté.

Il était donc orphelin et n’avait ni frère, ni sœur, ni personne pour lui apprendre à nager. Il vivotait, posé sur les fonds marins, ces premiers fonds en somme, en grappillant de-ci de-là, ce qui passait à portée de museau.

Un jour, il décida de tenter sa chance, non pas dans l’eau puisqu’il ne savait pas nager, mais sur terre où il trouverait bien une bonne âme pour lui apprendre à marcher.
Il attrapa donc un filin qui passait à côté de lui et se laissa tracter jusqu’au port.

Il apprit, par quelques poissons qui n’avaient aucune envie de partager leur abondante pitance avec un étranger, qu’il était au Havre.
Ce nom lui fit croire qu’il était arrivé à l’endroit qu’il cherchait, mais non, on lui conseilla de remonter la Seine, d’aller tenter sa chance à Paris.
Il fut accueilli à bras ouverts, comme s’il était attendu depuis des siècles, et devint du jour au lendemain … un requin de la finance !

Là, dans un des plus beaux palais de la République, qui portait le nom de Grognard, ce qui expliquait qu’un palais puisse fusionner avec la république, il n’eut pas à savoir nager, car tout le monde nageait, non pas dans l’eau mais dans l’argent…

Il devint le meilleur requin de la finance de la place de Paris.

Tout le monde faisait appel à lui, à ses conseils, à ses coups de poker savamment orchestré…
Le requin qui ne savait pas nager dirigeait le monde, faisant des rois, défaisant des fortunes, conduisant certains à la banqueroute, montrant à d’autres, la route de la banque.

Un Républicain, un vrai, qui ne faisait pas fortune en dormant grâce à ses achats en bourse, mis ses bourses en action, c’est-à-dire fît preuve de virilité, en affrontant le requin à la télévision.

Après des heures et des heures d’émission télé d’un intérêt considérable au début, mais qui commençaient à lasser le public, soit un peu moins de 6 milliards de téléspectateurs, les autres étant malades, ou aveugles, ou sourds, ou tout simplement avaient, c’est aberrant, raté le rendez-vous, l’arbitre proposa un match en trois temps :

Le premier, intellectuel, fut balayé en trois temps trois mouvements : match nul, ex aequo.
Le deuxième, financier, testa leurs connaissances et leurs compétences : match nul, ex aequo.
Le troisième, sportif, après tirage au sort, désigna le 100 m nage libre.
Tout le monde, et le républicain lui même, crièrent à l’injustice. Nager contre un requin était perdu d’avance et la suite faillit leur donner raison.

Le requin prit un élan considérable et traversa toute la piscine sur son élan, alors que le républicain n’en avait parcouru qu’un tiers.

Au virage des 50 mètres, la queue du requin glissa sur les carreaux et sa poussée fut si faible qu’elle l’amena au milieu de la piscine où il commença à couler.
Revenu à sa hauteur, mais pas à la hauteur de ses revenus, le républicain comprit la situation et le ramena au bord, puis… à bord
Car, en vrai républicain, il lui apprit à nager, loua un dériveur de marque, dont on ne sut jamais le nom, sauf à chaque passage télé, et le libéra face au Libéria, là où sa mère le délivra, et là où lui-même se libéra …
Ainsi finit l’histoire du requin-blicain !
Ils ne se marièrent pas et ils n’eurent aucun enfant.

MORALITE:
Vous les Enfants de la Terre, ne reniez jamais ni votre lieu, ni votre milieu de naissance, et si vous choisissez d’aller plus haut et plus loin que vos parents, soyez le joueur d’élite qui fait monter les autres, et non le tireur d’élite qui les descend.

 

 

Ce matin, le soleil ne s’est pas levé

Ce matin, le soleil ne s’est pas levé.
Noir, l’horizon est resté noir.
Pas de rouge, ni d’orangé, ni de jaune, ni de blanc éblouissant.
Rien. Noir. Que du noir, tout noir.
Avait-il explosé ?
On ne serait plus là pour se poser la question.
Avait-il pris la poudre d’escampette ?
On verrait sa trace dans le ciel.
Avait-il décidé de faire la grasse matinée ?
Panne de réveil impossible, car programmé pour l’éternité.
Avait-il eu un accident de la circulation ?
Il manquerait une autre étoile dans le ciel.
Avait-il fugué avec Beltégeuse, son étoile préférée ?
Non, elle était toujours là, au milieu de la poudrerie céleste !
Bizarre !
Je regardais de nouveau le réveil : Huit heures. Je consultais ma montre : Huit
heures. J’interrogeais la pendule : Huit heures.
Je mis la radio: Huit heures. J’allumais la télé: Même heure. L’ordi… J’étais
chafouin.
Je décidais de faire comme d’habitude et je vis que tout le monde faisait comme si
de rien n’était : les autos roulaient, les piétons marchaient, , les avions volaient,
les tap-taps ‘tape-cultaient’, les travailleurs travaillaient, les dépanneurs étaient
ouverts, le Président discourait…
Rien n’avait changé !
Tout le monde vivait dans le noir.
Chose surprenante, il ne faisait pas froid et la pluie s’était arrêté de dracher ! Or,
nous étions en février ! Sans soleil, les températures deviendraient vite glaciales !
C’est alors que le Grand Champagné révéla l’incroyable nouvelle :
Le soleil ne s’était pas levé, car il était … malade !
Quoi ? Mais quoi ? Un soleil, une étoile, une planète ne peuvent pas être malade !
Même les lumerottes ne le sont pas ! Non, la preuve !
Le soleil était malade et ne s’était pas levé.
Il faisait même une grosse fièvre : 40 milliards de degrés au lieu de trente-sept-
deux le matin !
D’ailleurs, c’est cette fièvre qui compensait le manque de chaleur de ses rayons et
maintenait notre température.
Mais pourquoi était-il malade ? Qu’est-ce qu’il avait, lui, le vigousse ?
Un burn-out ! Ca lui va bien…

Il n’a rien d’autre à faire que se dorer sur nos plages, se rouler dans nos vagues,
paresser au…soi- même ! et tenir compagnie aux fadas qui l’imitent !
Oui, mais il en avait marre, et le ristrette du matin n’y avait rien changé.
Sur cette Terre, les hommes et les femmes n’arrêtaient pas de se plaindre, de
râler, de rouspéter…
Alors que lui, le soleil, donnait tout ce qu’il avait : la chaleur, la lumière, la nature,
les saisons, sans rien demander en retour.
Tout était gratuit !
Et il n’avait jamais eu un mot de remerciement…
Le Président arrêta de discourir et regagna son bureau.
Il reçut le Grand Champagné qui livra son verdict :
Le soleil voulait bien se lever … s’il voyait chaque matin, des sourires sur les
visages de tous les Terriens…
C’est ainsi qu’un Nouveau Monde est né … !

Dialogue par SMS

Mon cher Cléo,
Le bruit me vient que tu es de nouveau amoureux, mais je ne sais de qui…Elles ont tant été nombreuses celles que tu as séduites depuis notre séparation, que j’ai hâte de savoir et de voir en quoi est différente ta nouvelle conquête

Ma chère amie,
Ton Cléo, qui t’aime toujours, est totalement perdu et dès qu’il se retrouve, se perd à nouveau, exprès, pour entendre encore la voix de sa nouvelle compagne

Cher  Cléo,
Je veux absolument faire sa connaissance

Chère amie,
Je ne parviens plus à aller jusque chez toi. Dès que j’en approche, je ne sais comment cela se fait, mais je prends la direction opposée, pour mieux revenir en bas de chez toi

Cher Cléo,
Je t’ai vu en bas de chez moi, mais tu n’es pas descendu et tu n’es pas monté

Chère amie,
Je suis amoureux d’une voix, celle de mon GPS