Les Vieux

Les vieux ne parlent pas, ils ont déjà tout dit.
Les vieux ne se regardent plus, ils se sont déjà vus.
Les vieux ne racontent plus leur jeunesse passée,
A ceux qui ne sont pas là pour les écouter.

Les vieux n’ont rien à faire, personne n’a besoin d’eux.
Les vieux n’essayent plus, ils savent mais n’y arrivent pas.
Les vieux voudraient bien pourtant encore une fois,
parler, rire et chanter, aimer, rire et sourire…

Les vieux n’ont plus d’amis, depuis longtemps partis,
Les vieux ont le bruit de la télé pour seule compagnie,
Les vieux ne télécommande plus rien,
Ils n’en peuvent plus, ils ne savent plus faire…

Les vieux se promènent au bras d’une auxiliaire,
Qui parle de la météo aux Antilles Françaises,
Les vieux rentrent à l’EPHAD , leurs tout-nouveaux chez-eux,
Pleine de gens qui attendent comme eux…

Les vieux n’ont pas peur de mourir,
Ils y pensent depuis longtemps déjà.
Un jour, les vieux ne pensent plus à rien,
Ils voyagent déjà…


Hugues JACOBELLI, 3 octobre 2022

La mer et son île

La mer dans sa douce quiétude à marée basse reposante,
La mer, dans sa fureur déchaînée, se fâche, puissante.
L’île, toujours présente, malgré tous ces combats, incessants,
Affaiblit d’ici, attaqué de là, en tout temps, résistant.

Les vagues mousselinées d’une crête de coq de basse-cour,
Se succèdent, croyant par l’usure, réussir leur sape, sourd.
Les plages abandonnés, si un nuage se montre dans le ciel, bleu,
Se noircissent  de monde, blanc, dévêtu, et d’enfants criant, sacrebleu.

La mer entoure l’île d’un amour destructeur,
L’île, le dos rond sous son cordon de dunes, salvateur,
La mer encore plus grande se mue en océan,
L’île se claquemure, insensé devant l’immensité. 

Toutes deux liées l’une à l’autre,
Se dispute la maîtrise du terrain de jeux,
Laissant passer les bateaux qui vont d’île en île,
Remplir toute la terre de cadeaux. 

Nos petits bateaux de rêves

Je rêve de tes petits bateaux,
Des bateaux de ton enfance,
Tes bateaux en papier qui voguait sur le miroir de la fontaine,
Des petits bateaux de rêve…
Ces petits  bateaux sont devenus grands,
Et toi tu es devenu femme.
J’ai acheté de grands bateaux,
Sans vouloir acheter tes rêves …
J’ai acheté un paquebot,
Pour faire des ronds dans l’eau de mer.

Je rêve, ma douce. Je rêve.
Nos grands bateaux sont restés petits.
Toi et moi avons grandi et tu m’as accompagné jusqu’ici.
Depuis les petits bateaux en papier de notre enfance,
Jusqu’au grand navire, qui a traversé le temps, les vagues et les tempêtes.
Aujourd’hui,  il est à quai, solidement amarré, et je ne crie plus « larguez les amarres, on déménage »
Mais plutôt ‘Regarde, viens voir ‘  nos petits enfants qui soufflent sur leurs petits bateaux en papier…

Vieillir, c’est regarder le passé ou l’avenir ?
L’avenir ?…  Pour aller où ? …
Tu as raison, allons-y !
Pour le plaisir de crier encore « larguez les amarres ».
Les amarres de nos petits bateaux de rêve…

15 avril 2014

La vie nous prend

Au tout début, bon gré mal gré, la vie s’apprend
Dès la naissance, tels que nous sommes, la vie nous prend,
Avec nos opinions, nos religions, nos différents.
Ne repousse personne, la vie grandit, et nous surprend.
Il faut choisir, la vie nous lance, chacun son vent.

                      Le vent  nous mène, là où on sème,
                      Et nous amène là où on s’aime

Fier de sa vie, de soi dépend le bon moment
Selon nos choix, un couple, un job et des enfants,           
Ou autres chemins. Chacun sa vie, rien ne défend !                                     
Droit devant, chacun peut construire son destin.
Quoi qu’on devienne, la vie nous fait prendre le vent.

                       Le vent  nous mène, là où on sème,
                       Et nous amène là où on s’aime

Le terme approche,  profitons-en, rien ne retiens,
Avant de se laisser prendre, les pieds devant.
Sans regrets, la vie est belle ?…la prend quand même !
Avec remords, des coups, des bosses, la prend pourtant,

                       Le vent  nous mène, là où on sème,
                       Et nous amène là où on s’aime

Le paradis est pour après ? s’en bat le flanc,
L’enfer sur Terre ne prédit rien du temps devant…
Arrête  ta plume, sacré poète, la vie te prend
Suis je debout ? suis je couché !  la vie m’appris ? la vie m’a pris !

                        Le vent nous mène là où il est
                        Et nous emmène là où il hait …

La vie se cherche

                         Lancé par la vie qui se cherche,
                         Oyez cet avis de recherche.

Elle va, elle vient, elle bouge, elle erre,
En rond, elle tourne, sur cette Terre.
Le jour, taquine, elle pétarade,
La nuit, coquine, elle musarde.

A peine née, dépend d’une autre,
D’une éternelle, croit en l’apôtre.
A chaque envers, change de visage,
A chaque endroit, surprend son âge.

                        Lancé par la vie qui se cherche,
                        Oyez cet avis de recherche.

Elle se construit à deux d’abord,
Deux qui font trois, ou quatre à bord.
Elle se détruit, par un de trop,
Péché véniel, ou pêche au gros.

Elle est partout, bonjour, bonsoir,
Pourtant pas loin du désespoir,
Métro, boulot, et sans dodo,
Elle tient debout, bas le chapeau.

                        Lancé par la vie qui se cherche,
                        Oyez cet avis de recherche.

Les galipettes viennent le soir,
A la bougie ou dans le noir.
Elle prend espoir, l’amour est là,
Elle le rejoint, là, sous le drap.

De ci, par là, guette l’ennui.
Revient l’amour ? Elle court à lui,
Fait pour durer, ou pour l’été,
Noces de platine, ou passe cachée.

                        Lancé par la vie qui se cherche,
                        Oyez cet avis de recherche.

De berceau en bureau, enquête,
Se cherche encore, c’est sa requête.
De place en rue, ou sur plage nue,
Jusqu’à bien tard, elle continue.

Un jour enfin, va se trouver, 
Se rendant compte qu’elle est flouée…
La  nuit vivante, les jours perdus,
La vie s’en va, ne s’en vient plus.

                       La vie arrête de se chercher,
                       Avis de recherche terminé.

Pense à l’offrir

Toi qui n’es pas de ces manants,
Errant, mendiant, souffrant, migrant,
Si tu n’ fais rien de ton bonheur,
Pense à l’offrir à d’autres cœurs.

Toi si tu peux, boursicotant,
Dormir en paix, en engrangeant,
Si tu n’ fais rien de ton argent,
Pense à l’offrir à d’autres gens.

Toi qui toujours, claquemuré,
Entre tes murs, propriété,
Si tu n’ fais rien de ta santé
Pense à l’offrir aux moins-biens nés.

Toi qui jamais n’entends le son,
Ni des gamelles, ni des canons,
Si tu entends celui des rires,
Pense à l’offrir, donne le sourire.

Toi qui a tant et tant d’amis,
Et du soleil toute ta vie,
Si tu n’fais rien avec ton ombre,
Pense à l’offrir à ceux qui sombrent.

Toi, pour finir, écoute encore,
Bonheur donné, réjouis fort,
Si tu le fais sans garantie,
Pense à l’offrir, le multiplie…

janvier 2017

Parle avec la vie

Et tu verras tout s’arrangera.

 

Les nuits sont sans amour
Sans fin sont les jours
Le temps qui court comme toujours.
Tout ce qui s’use, tout ce qui amuse,
Passent à jamais, comme les mois de mai.

Parle avec elle et tu verras tout s’arrangera
Toutes ces années, à ne plus les compter,
Tous ces souvenirs, qui n’ont plus d’avenir
Tout ce qui fut construit, trop mûr les fruits.
Les heures s’enfuient, passent les années,
Les jours s’ennuient, passants d’éternité.

Parle avec elle et tu verras tout s’arrangera.
Avoir 20 ans, quel joli temps,
Un jour, se perd le beau du temps.
Et pourtant, pourtant, la vie se prend,
par tous les bouts, par tous les temps.

Ouvre ton cœur à ton bonheur,
Et sans rancœur, sans avoir peur,
Un jour viendra, où viendra l’heure…
Parle avec la vie, parle avec ton cœur,
Parle pour elle, parle avec elle …

Ton rire s’escarbille

Le temps de vivre , des cortèges de rires,
Le temps d’oublier, les larmes versées,
Ce temps que tous, essayions d’arrêter,
Pour qu’il dure autant que ton sourire.

Le temps est volage, ton rire l’escarbille,
Il s’envole , monte dans les aigus,
Tout là-haut, rires retenus et larmes bues,
La marque du temps, suspendue, devient cristalline.

Le temps est à moi, à toi, à vous, à tous,
Heureux l’ermite qui semble ne rien faire,
Ou celui qui court plus vite que son père,
Couvert d’or d’avoir gagné du temps ?

Ce rire s’égrène en clé de sol,
Monte de fa en si, force les cluses,
Chante sur la plaine, de mi mineur en sol majeur,
Souffle et se perd de l’autre côté de la portée d’arpège.
Aout 2021

Dis lui au vent comme il est fol ?

Ce que le vent me dit,
Quand il parle de la vie,
Là-bas, à l’autre bout, partie,
Loin, si loin de moi, d’ici ?

Le vent sait-il qu’ici sans toi
Depuis que tu as quitté ce toit
La vie, plus guère ne m’intéresse
Où est le temps de la jeunesse ?

Le vent revient chaque printemps
Senteurs de nous, effluves du temps,
Le vent me dit de vivre encore,
Mais peut-on vivre après la mort ?

Le vent me dit de t’oublier,
D’aller dehors, pour rencontrer
Celles dont les bras se tendent.
Que je revive ! Elles m’attendent.

Je réponds au vent qui souffle fort,
L’heure n’est pas venue, ou pas encore,
Vivre sans toi, ce n’est pas vivre,
Le vent me dit que je suis libre,
Si le vent le dit, il a grand tort,

Je veux pouvoir à toutes heures,
Me souvenir de ces années,
De pur bonheur, tu m’as donné.
Dis lui au vent comme il est fol,
De croire qu’on peut recommencer.

Avec toi, continuer d’être seul,

Ton image remplit mes journées.
Je dis au vent de ma jeunesse,
Qu’il y a pire que la vieillesse,
C’est d’être seul, sans partager,
Tous les baisers de l’être aimé.

Haute Provence

Tel le retour du baladin,
Qui vient te voir chaque matin,
Que puis-je dire à demi-mot,
Qui soit pour toi un peu nouveau.

Ici, même la terre sent bon,
Pistou, lavande et romarin
Ciel bleu, Haute-Provence,
Être d’ici, quelle chance

Quand on n’y pense quelle dinguerie,
Etre obligé, vivre à paris
Alors que tout est fait ici,
Prendre le temps de vivre sa vie

Ma plume écrit cette ritournelle,
Un hamac, deux arbres, et toi ma belle,
Aucune ombre sur ta peau dévoilée,
Qui sera le régal de ma journée.