Des jours, l’écume

L’écume des jours, des jours sans fin,
Passe le temps, soirs et matins,
Ni pause, ni trêve, vers l’avenir,
Seule l’écume en souvenir.

L’amour s’en vient, l’amour s’en va,
Comme la vague fais viens-et-va,
Donnant écume sur sable blanc,
Cette couleur du jour naissant.

La nuit est noire, pour moi, sans toi.
La nuit merveille, niche sous ton toit.
Tu m’ensorcelles à chaque fois,
Que tu te couches tout contre moi.

Puis tu t’en vas, reste l’écume,
Du bout des lèvres, je sens, je hume,
Il n’y a pas trace de ton parfum,
Sur ta peau, senteur en vain.

Comme les jours, reviendras-tu ?
Mieux que l’écume, resteras-tu ?
Je ne veux plus de toi, coriace,
Sauf si tu veux être ma garce.

Au bout des fins, l’écume des vies
Seule restera, car tout finit.
Si l’amour est une vraie valeur,
De lui, j’aurais eu le meilleur.

La part des anges

Tu es mon ange, je suis ta part
Coupé à cœur, comm’un quatre-quarts,
Ou tel Pagnol, jouant aux cartes,
Tu es mon ange, mon ange à part…

Comme le cognac, tout s’évapore,
Le flot des ans part en vapeur,
Depuis le premier de tous nos jours,
Nous sommes là, est-ce l’amour ?

Des anges passent et d’autres restent,
Sont-ce des femmes qui viennent et vont ?
Ou un ballet de marionettes,
Qui font trois tours et puis s’en vont ?

Mais toi, tu es l’ange du ciel,
Celui qui a le goût du miel,
Toutes ces années te rendent belle,
Bien plus encore, est-ce réel ?

De mes démons, tu es mon ange,
Pas de sermons, que des louanges,
De tant d’années passées ensemble,
Ni dieux, ni diables, ne nous dérangent !

La fin s’approche, un ange passe,
La vie se lasse, passe et trépasse,
Ni toi, ni moi, n’en sommes maitres,
Mon paradis est sur ta Terre…

Ode à la vie

Comme la flamme d’une bougie,
La vie s’éveille, palpite et luit.
Un brin de souffle la fait trembler,
Vacillante pour l’éternité.

Avec des pleurs ou des sourires,
Avec des fleurs et des fous-rires,
Cours le temps, danse jeunesse,
Roule la vie, à grande vitesse.

Des jours de peine, des nuits de fêtes,
Qu’elle fût caresse, qu’elle fût paresse,
Tant de victoires, quelques défaites,
La vie distille toute sa tendresse.

Comme la flamme d’une bougie,
Chaque matin, allume la vie,
Le soir arrive, bout du chemin,
Devenu braises, le feu s’éteint.

Parler de la vie, la garder au cœur,
Ne pas tout prendre, juste le meilleur,
Ode à la vie, hymne au bonheur,
Rêver sa vie, heure par heure.

Chaque vie laisse une trace,
Ineffaçable, parée d’espace,
Son souvenir, jamais ne lasse,
Tel qu’il était… l’homme qui passe…

 

Ne retenir que les heures sereines

      De tout le temps où tu fus ma reine,
      Ne retenir que les heures sereines,
      Celles qui donnent un goût de miel,
      A l’aube de chaque jour, à chaque éveil.
La vie, le temps, passent sans précaution,
N’hésitant pas à laisser de larges sillons,
Sur notre peau, et sur nos illusions,
Imprimant les heures, vécues avec passion.
      Tout au bout de lui, le notre nous attend,
      Laissant courir, pour d’autres, un nouveau vent,
      De nouvelles années, de nouveaux jours de l’an,
      Chaque passant passe, chacun a son pas du temps.
Il nous en reste si peu, il est passé si vite,
On veut le retenir, on veut tout ralentir,
Mais il se cabre tel l’étalon furieux,
Nul ne peut dompter le pas du temps fougueux.
      Alors, à l’heure où il faut laisser la place,
      Ou d’autres naissent et nous remplacent,
      Ne retenir que les heures sereines,
      Celles dont tu es toujours la reine…

1° janvier 2021

Dame de coeur ou Dame de pique

L’une est douce comme la brise d’un matin de printemps,
L’autre est dure, comme hérissé de flocons cristallins,
Tout les oppose, mais elles ne font qu’un,
Deux dames, une même femme,
L’une tendre, sous son sein, un cœur,
L’autre piquetée, dans sa main, un pique,
Rien ne les attache mais elles restent ensemble,
Face ou pile d’une même carte,
Jeu de mains ou de vilain,
Chante ballade, le cœur se balade,
Main baladeuse, hérisse et pique,
Dame de cœur contre dame de pique
Tour à tour, l’une est l’autre,
Toute à son jeu, l’autre se coupe,
D’un atout fait une carte maitresse,
Ni vainqueur, ni vaincue, attendre et voir,
Choisir la Femme ou la P…,
Ne se pose plus, elles décident
D’être unique et double, jeu.

20 janvier 2021

Quand deux ne font qu’un

QUAND DEUX NE FONT QU’UN

Quand deux mains se joignent en une seule prière
Quand deux corps s’unissent dans un même élan
Quand deux regards se noient dans un même miroir
Quand deux êtres respirent d’un seul souffle

Si deux parallèles se croisent sur une seule droite
Si deux unités ne font qu’un unique nombre
Si deux inconnus ne forment qu’une seule équation
Si deux pôles s’attirent comme un seul aimant

Comme deux lèvres se mordent dans le même baiser
Comme deux amants dessinent une seule ombre
Comme deux chemins tracent le même sillon
Comme deux peaux frissonnent sous la même caresse

Deux désaccords s’effacent derrière un seul sourire
Deux retrouvailles se serrent dans une seule étreinte
Deux amours ne font qu’une unique noce
Deux vies finissent par une commune tendresse
Toi et moi sommes-nous


septembre 2020

Frimas de novembre

Frimas de novembre,
Frissons dans la chambre.
    Blottie près du feu,
    Le reflet de tes yeux.
            Illumine l’aurore,
            Délicieuse de bonne heure.
                  Brumes et brouillards,
                  Calfeutrent les regards,
                        De nos corps endormis,
                        Aux ardeurs engourdies,
                            Roucoulantes froideurs,
                            Délictueuses de bonheur.

Chronique d’une vie à venir

Tu viens de naître petite fille,
Dans ce monde plein de paillettes,
Où les guerres du Vieux Continent,
Perdurent chez les incontinents.

Tu viens de naître petite fille,
Dans ce monde, tout est bisbilles,
Société dite de consommation,
Ou permanente révolution.

Tu viens de naître petit garçon,
Tu vas te battre, récréation,
Tu vas combattre, pour de l’argent,
Tu vas t’ébattre, consolation.

Tu viens de naître petit garçon,
Entends-tu des autres le son,
Ceux qui t’appellent et crient famine,
Ou ceux qui t’achètent pour leur famille.

Tu vas grandir petite fille,
Tournent les yeux, tournent les cœurs,
Tournent les jupes, tournent les hommes,
T’arrêteras pour un corps ou pour un cœur.

Tu vas grandir petit garçon,
Toute une vie pour des jupons,
Chaque fille est une fontaine,
Où tu viendras confier ta peine.

Tu vas mourir, fille ou garçon,
La vie s’achève, ni sons, ni canons,
Dès demain d’autres sourires,
Sur d’autres lèvres, joueront leur avenir.

Bourrasque de vent

Une bourrasque de vent souleva tes cheveux.
Ils scintillaient au matin levant.
Légers et rebelles, ils tourneboulaient tout autour de toi.
Tu pris un foulard, sorti de la poche secrète de ton manteau.
Tu rassemblas tes cheveux, mais n’y prenant garde, le foulard t’échappa. Il prit le large, grand-voile dans un grand vent.
Tu le regardais battre des ailes, comme si tous les bateaux, ou les chapeaux, ou les foulards, avaient, des ailes ou bien des voiles.
Un homme intervint, voulant arrêter le vol, libre et sans attaches, de ce foulard glissant sur une bourrasque de vent.
Tu te mis à courir et tu rattrapas l’homme, penaud d’avoir raté l’interception.
Soudain, sans prévenir, la bourrasque s’essoufflât, le vent faiblit, l’air se calma, et ton foulard se posa à côté de toi…
Affaire classée. La bourrasque de vent avait fait ce qu’elle avait à faire, ce qui arriverait maintenant n’était plus de son ressort…
Quoique ? Vous les solitaires, les âmes seules, les battantes, allez courir les cheveux au vent, laissez flotter un vêtement, sans contraintes, pour qu’il puisse décider seul du meilleur moment.
Guettez l’environnement, vous le verrez arriver plein vent, droit devant. Détachez le bout de ruban… Cette méthode vieille de dix mille ans, sans zéro six, ni club speed meeting, mais avec discernement et persévérance, agit discrètement, grâce au vent…

J’ai un jour posé mon sac

J’ai un jour posé mon sac, près de toi ma brune,
Et ne l’ai jamais repris, même les nuits de pleine lune.
J’ai vu pousser mes racines, profondément ancrées,
Les typhons de la vie, leurs vents s’y sont cassés.

J’ai fais mille fois le tour du bout de tout,
Suis passé aux mille coins de la Ronde, partout.
J’ai fait mille rencontres, j’ai vu mille lumières,
Ébloui par mille princesses, n’ai jamais donné ma main.

Un jour, rompant la solitude, tu es passée,
Tu ne voulais pas déranger, juste m’accompagner
Faire un bout de route… mais mon sac ai posé,
Il est resté tel qu’il était, je ne l’ai plus regardé.

Fermé sur les souvenirs d’une époque passée,
Libre d’en construire une autre, et pour seule boussole,
Comme seul destin, le festin de la vie, du câlin du matin,
Au soir du temps qui passe, une vie, la notre, est passée.

22 avril 2020