On ne peut pas vider la mer avec une petite cuillère


C’est parce qu’on n’a pas essayé !
Ou que la cuillère n’était pas assez grande !
Ou encore que l’on n’a pas insisté !
Ou enfin qu’on n’était pas assez nombreux.
Tuer le rêve avant de le réaliser, c’est perdre d’avance le combat de la vie.
Sans espoir ou espérance, que serions-nous ? Où irions-nous ?
C’est bien parce qu’on imagine que l’on continue de vivre.
L’espoir d’un monde meilleur
L’espoir de jours heureux
L’espoir de trouver l’amour
L’espoir de voir sous les jupes des filles

Même Quasimodo vivait d’espoir : Oh, Lucifer, laisse-moi, rien qu’une fois, glisser
mes doigts soue les jupons d’Esméralda…

Sans espoir, les jours sont creux, les nuits sont vides, et les heures n’en finissent pas
de ne pas finir.

Donnez-moi l’espoir et je réinventerais le monde.
Je commencerais par mettre des fleurs partout, de toutes couleurs et de toutes
saisons.

Je continuerais par réinventer l’homme, pour en faire un pacifiste, un humaniste, un
être qui aurait la capacité d’être heureux.

Et je finirais par toi, que je ne changerais pas, que je reprendrais telle que tu es, que
j’accompagnerais aussi loin et longtemps que… toute ma vie…

Puisque c’est par toi que je vais au bout de mes rêves !

Un dimanche à Bordeaux

Venus des quatre coins de l’hexagone, à moins que ce fut des trois côtés du
rectangle, nous sommes là, ce dimanche, tous venus, sans absence, quatorze, à
s’embrasser, s’accoler, se serrer, adieu corona, essaie autre chose la prochaine fois !
Il y a là les vieux, sans âge, trop difficile à compter sur les doigts, lui et elle, elle et lui,
les grands-parents. Il y a là lui, moi, qui râle sur le temps qui passe trop vite, mais qui,
quand il ne parle pas, savoure l’instant présent, contemplatif, je voudrais que ça dure
perpète…
Il y a là elle, qui fait, sans faire de bruit, cachée derrière un moule à gâteaux, ou deux
ou trois… elle ne se cache pas, elle est là quelque part, occupée à faire ce que les
autres ne pensent même pas qu’il faille faire, le bien-être de chacun…
Il y a là nos trois enfants, plus deux gendres et une bru, belle fille de surcroit, qui
nous accueille aujourd’hui, il y a trop de monde en cuisine, je n’insiste pas, tout le
monde connait mes talents culinaires, j’officierai une prochaine fois ! les hommes
parlent rugby, foot, élections (Zemmour fait-il de la politique ou de l’agitation
provocatrice ?) les femmes s’en mêlent, parlent philosophie, (la démographie va-t-
elle tuer la démocratie ?), l’un de nous fait constater que nous parlons sans hausser le
ton, ce qui est nouveau(mes gendres ont pris un peu de bouteille, celle qui permet
d’écouter l’autre, voire même de le comprendre, sans chercher la victoire à tout prix).
Ma fille sera présidente dans la sphère publique, je suis fier d’elle, sa sœur œuvrera
dans la sphère privée, je suis fier d’elle, mon fils sera mon fils… loin devant, je suis fier
de lui !
Il y a là nos 6 petits-enfants, de 1 à 14 ans, les deux filles menant les quatre garçons,
belle leçon de démocratie dirigeant la démographie, et tout va bien ? oui tout va pour
le mieux, l’ainé passe de l’un à l’autre, le second se focalise sur sa cousine, cette
même cousine joue déjà à la jeune fille, sa sœur a du mal à la suivre mais elle sait
parfaitement comment faire pour prendre la pole position, le cinquième a une bouille
qui respire la joie de vivre et le petitout, s’intéresse à tout et à tous, se demandant
pourquoi tant de monde est venu troublé la quiétude du lieu, le jour de son premier
anniversaire…
La journée passe comme le TGV, à peine commence le voyage, c’est l’heure de
l’arrivée, au milieu de la foule, bruyante, nombreuse, colorée !
A quand le prochain anniversaire ? et le dernier mariage ? et la prochaine fois ?
Le 31 octobre 2021

Un petit matin de printemps

La nature s’éveille dans le frais du petit matin, toute imbibée de rosée,
Une goutte perlant sur chaque feuille, humectée de douceurs.
Tout frissonne.
Les fleurs de peau s’épanouissent, hérissant les épidermes qui scintillent au soleil.
Le soleil perce la couche laiteuse d’ouate blanche,
Écrémant le ciel, bleuissant les cieux, jaunissant les ocres,
Orangeant les tons de pierre, rougissant ceux de l’air,
Domptant sous nos yeux le vert des arbres renaissants,
Tel celui de l’herbe, tendre comme le rose d’un sein,
Ou celui noir et profond du mauve de l’ombre.
La rosée est transparente, laissant passer les couleurs et reflétant celle qui l’accueille,
S’évaporant peu à peu sous les degrés de l’astre du ciel,
Envahissant de toute la puissance de ses rayons, tout l’espace de la place.
La chaleur prend sa température. Elle s’élève au fil des heures, n’ayant pour limite à son ascension
que le temps qui passe et qui l’amènera, la nuit venue, à rendre les armes pour aller réchauffer la
couche des jeunes amants…
Le tournesol en robe jaune étale ses pétales, se dresse sur sa tige si fine qu’elle plierait si la lumière
ne venait pas soutenir son effort. Il déploie ses étamines, fier de sa corolle, orientée au levant,
gorgée d’amphétamines pour suivre la courbe zénithale de l’astre solaire.
Le forsythia illumine ses branches d’un jaune à nul autre pareil, seul, bien avant les autres, n’hésitant
pas à se découvrir d’un fil avant avril. Ni la primevère pourtant bien nommée car toujours la
première, ni le crocus blanc pastellisé de citron ou d’orange, ni le perce-neige immuable
d’immaculée blancheur, ni le magnolia déclinant les sept couleurs de l’arc en ciel, ne rivalisent avec
lui, qui épuisé par l’effort devient, un présumé beau matin, un arbuste quelconque recouvert de
feuilles sans distinction. Malgré tout, chaque année, il se réveille avant la fin de l'hiver, damant le
pion aux belles jonquilles qui accusent du retard à l’éclosion printanière.
Seul le mimosa lui tient tête, sa dragée haute célébrée avant même les célébrations des fêtes
pascales par des carnavals aux trois coins de l’hexagone, l’Alsace, l’ile Oléron et les somptueuses
effervescences de Bormes les mimosas… les chars débordants de jaune, croulants de vert, saturés de
bleu méditerranéen.
Le petit matin cède la place à une longue journée ensoleillée, qui prend tout son temps, qui étire ce
temps chaque jour un peu plus, jusqu’aux fêtes de St Jean. Là, nous ayant rassasié de nature, nous
surprenant à chaque fois de son éternel renouvellement, le printemps fatigué mais heureux part de
l’autre côté de la Terre, attendre le moment de celui du second hémisphère de notre biosphère.

A la manière de Sicaud

Souvenirs de l’avenir

Pourquoi a-t-on des souvenirs ?
De quoi sont-ils faits ?
Il y eut un avant, Il y eut un après,
entre les deux il y a le présent qui déjà devient passé au moment où l’avenir se présente.
Tu appartiens à ces années, qui furent les années d’avant, d’avant le vécu du présent, sur lequel j’ai
bâti mon avenir.
Ces années sont lointaines et pourtant elles sont d’ineffaçables traces, restées en souvenir du temps
où l’avenir n’était pas encore fait.
Nous souvenir concerne-t-il que les choses utiles ?
Oui sans doute pour le principal. Mais aussi pour l’accessoire.
Utiles nos souvenirs nécessaire à la vie de tous les jours.
Futiles nos souvenirs dont notre vie n’a pas besoin, et pourtant ils sont là, prêts à se remémorer.
Souvenirs de la première bagarre, du premier baiser, du premier regard, de la première défaite, de la
dernière victoire, des filles de mes nuits dont une seule est sortie.
Et puis la vie s’arrêta de tourner en rond.
Elle prit une ligne droite, mais qui n’était pas une autoroute, plutôt une direction, avec des
croisements, des embûches, des feux, rouges autant que verts, des demi-tours, des arrêts, des
démarrages en côte, des laisser-aller et des reprises en main.
Combien de fois elle faillit bifurquer ?
Combien de fois elle faillit s’arrêter ?
Qu’importe !
Mais il faut une volonté sans faille, tous les jours par tous les temps, pour avoir des souvenirs, sur
lesquels on peut continuer de construire l’avenir.
Et l’avenir devient le présent ? De quel avenir s’agit-il ? Celui qui vient aujourd’hui ou celui qu’on
vivra peut-être dans 10 ans ?
Celui d’aujourd’hui est facile à contrôler, encore que… il est soumis à toutes les tentations.
C’est celui dont il faut s’occuper en priorité pour rester sur la route ou dans la bonne direction.
Ou l’autre ? Celui des dix ans à venir, qui ne peut pas contrôler ce qui arrivera…Il dépend de toutes
nos décisions, les ponctuelles qui n’ont pas d’incidence sur l’avenir, mais qui embellissent nos souvenirs, et les décisionnelles, engageant les heures les jours les mois les années sans possibilité de
retour, et qui appartiennent qu’on le veuille ou non à nos souvenirs.
On peut refuser de prendre des décisions. Laissez venir et laisser faire, l’avenir dans ce cas, se
fabrique sur les ponctuelles et leur enchaînement, sans définition d’une route où d’une direction, la
vie ballotte, ne sait pas où elle va, prend des chemins de traverse, tourne en rond dans un rond-
point, recule sans prendre de recul !
aucun avenir, aucun souvenir !
Il faut essayer de forger ses souvenirs en forgeant l’avenir.
Quitte à se tromper, sans tromper ni les autres ni soi-même, quitte à recommencer, prendre une
nouvelle route ou une nouvelle direction, un nouveau départ, dans une nouvelle guerre, je voulais
dire gare , pour prendre un nouveau train, celui de l’avenir.
Entre les deux, il y a le plaisir, de se perdre, de découvrir, d’essayer, sans s’éloigner même non
attaché, de son port d’attache.
Plaisir de la jeunesse qui vit de nouvelles choses chaque jour.
Plaisir de la vieillesse qui a tout vécu, mais qui en veut encore, qui a encore faim, encore soif, sans
s’éloigner jamais de l’arbre de son jardin d’enfants
Je veux, je décide et je fais.
J’ose, je tente et je joue.
Je trace la route, je réussis ou j’échoue,
Je suis mon propre avenir, j’engrange mes souvenirs.
Je reste tourné vers l’avenir,
En souvenirs mes souvenirs…

Aux urnes, citoyens !

Mesurons nous suffisamment notre chance ?
Vivre libre dans un pays démocratique !
Combien d’habitants sur cette planète,
Peuvent penser, écrire, s’exprimer, critiquer,
Eliminer trois hommes d’états venus de droite,
En effacer tout autant issus de gauche,
Pour voir éclore le dynamisme et la jeunesse,
La joie de vivre, de gagner, de sourire ?
Et nous redonner le gout d’être heureux,
De croire encore en l’humanité qui partage
Face à ceux, et celle, qui nous en décourage ?

Nous pouvons choisir la fermeture aux autres,
la fermeture de nos frontières, la fermeture de nous-mêmes…
Celle de nos coffres, forts, et de nos cœurs, faibles.
Ou choisir l’ouverture vers le monde, vers tout le monde,
L’ouverture vers nous-mêmes, de vieille souche ou nouvelles pousses,
Migrés de longue date ou migrants méritants,
Et l’ouverture de nos richesses qui compensent nos faiblesses…

Aux urnes toi et vous, trois fois encore, pour qu’il puisse gouverner,
Avec facilité, sérénité et majorité…

En sortant de la gare

En sortant de la gare, je te vis.
Ton corps, immobile, tes yeux, fouillant la foule.
Qui attendais-tu ?

Je n’avais pas rendez-vous avec vous.

Alors j’attendis !… Le temps passa et nul ne vint à ta rencontre.
La désillusion se lisait dans tes yeux.
Je m’approchais, tu me vis.
Mon regard figé au fond de tes yeux, je m’arrêtais.
Cinq mètres nous séparaient encore.
Tes yeux, scrutateurs, devinrent interrogateurs.
Je n’avais pas rendez-vous avec vous.

Je fis un pas, puis deux, puis trois et m’arrêtais à nouveau.
La désillusion quitta ton visage.
L’esquisse de l’ombre d’un sourire germa à la commissure de tes lèvres.
M’encourageais-tu ?

Je n’avais pas rendez-vous avec vous.
Je fis un dernier pas et tu fis ton premier pas.
Nous étions face-à-face, à portée de main.
La mienne se détacha de moi et alla vers la tienne.
Ta main pris la mienne et l’amena vers toi.
Un instant, j’ai cru qu’elle s’arrêterait sur ton sein.
Elle l’effleura et alla à l’épaule.

L’autre main fit de même, nos visages se rapprochèrent.
Nous restâmes figés un instant.

Je n’avais pas rendez-vous avec vous.
Mes lèvres s’ouvrirent, non pas pour un baiser, pas encore.
Comment t’appelles-tu ? firent-elles.
Espérance, répondit-elle, et toi quel est ton nom ?
Je n’eus pas le temps de répondre…
Assourdissant, un train passa, me réveilla… et la gare s’évanouit.
Ce n’est pas d’elle que je sortis, mais de mon lit.

Je n’avais pas rendez-vous avec vous…

La lune se lève

La lune se lève,
                                                                     Le lieu,

                                      Le lac,

                                                                  Loin de la lumière.

Là,

                   Languissante latitude,

                                                             Lancinante lassitude,

Larmes, légères, lointaines.

Aujourd’hui je n’ai rien à dire

L’autre jour, je suis parti à la montagne, mon piano sur le
dos et ma soupe en kit dans ma besace, vêtu de ma mini-
jupette préférée et de bas résille assorti.

Je sais, ça n’a pas plus d’intérêt qu’une perruque sur un
cornichon, mais quand même !

Du haut de la montagne, on regarde passer les Airbus, voler
les trains, courir les nuages…

Quand soudain, mon stylo se mit en grève.

Puisque tu n’as rien à dire, fit-il, je m’arrête d’écrire, même
lentement, même pas vite, même au ralenti…

Je fais comme les crocodiles, ajouta mon stylo, quand il n’y a
plus d’eau dans la mare.

Je me marre, lui répondis-je, en le rangeant dans ma poche
revolver, qui l’accueillit à coup de balles.

Je suis tel un clown qui en a marre, jalousé par ceux qui
n’ont pas d’amarre, alors que moi, le croco-clown, je peux
me suspendre à ma girafe préférée, toujours surprise par
tant de calinitées…

Il faut oser le bonheur

Il faut l’oser pour l’avoir…
Il faut être celui que l’on voudrait être !

Ca y est !  Revoilà bisounours et sa philosophie à quatre sous la livre !
Tout juste !  Mais ma philo n’est pas pour toi, bourrique !

Elle est pour celui et celle qui simplifient les choses, les rendent accessibles.

Accompagner un parent en fin de vie, incompatible avec le bonheur ?
Pas sûr si on se dépouille de l’image que l’on veut se donner. Écouter une autre que soi-même, plongée dans la solitude, et pourtant vivante, pétillante, entreprenante, jusqu’à ce qu’elle craque… être là, quelle corvée ! 

A moins d’oser l’enchantement de voir cet autre relever la tête, ouvrir ses mains et remonter sur ses jambes !

S’ouvrir ou souffrir ?  
Repli sur soi, peur de l’autre , entre soi ! Et pourtant, quelle récompense quand on ose accueillir, expliquer, redire inlassablement les valeurs de la république, de la démocratie, à ne pas confondre avec la démographie, piège qui nous attend, si l’on n’y prend garde…

Quand viendra le jour de l’impossible


Quand viendra le jour où une femme deviendra Pape, l’hiver sera
plus chaud que l’été, les grenouilles auront des seins sur le dos et moi
j’aurais la bosse du travail collé à ta peau…

Quand viendra le jour où les hommes feront l’aller-retour Terre-Lune
en 24 heures, les candélabres à l’énergie nucléaire éclaireront le jour,
les TGV mangeront de l’herbe, et moi j’aurais un poil sur le nombril…

Quand viendra le jour où les électeurs seront payés pour aller voter,
les dictateurs ne dicteront plus rien, les écoles buissonnières
fleuriront le long des chemins de fortune, et moi je ferais du camping
sauvage au bord des routes, délaissées par les voitures, laissées à la
voilure, de mes petits bateaux de rêve.

Quand viendra le jour où il n’y aura plus de frontières, où les hommes
ne se feront plus la guerre, où toute l’humanité mangera à satiété, et
bien moi, je donnerai ma fortune, trois grains de haricots secs, à ceux
qui ont perdu confiance en eux.

Quand viendra le jour où tu me diras des mots d’amour, les
murmurant tout doux au creux de mon cou, mes lèvres s’ouvriront,
palpitantes sous le souffle de ta respiration, et moi, je serai l’époux…
du pape !

4 juin 2021